2. La Lederhose du XIXe siècle à nos jours.
Mise à jour !
Au début du XIXe siècle, avec l’apparition du pantalon en tissu dans l’habillement, les modes vestimentaires évoluèrent et les citadins abandonnèrent le port de la Lederhose. Seuls les montagnards, les chasseurs et les habitants de la campagne continuèrent à la porter dans leurs activités quotidiennes si bien que le port de ce vêtement traditionnel se raréfia lentement jusqu’à risquer de disparaitre !
Un homme tenta de remédier à la situation. Le 25 août 1883 dans une taverne de Bayrischzell, l’instituteur Josef Vogl (1848-1886), avec cinq de ses compagnons décidèrent de faire confectionner des Lederhosen traditionnelles.
On ne voyait plus personne dans les rues de la ville
porter un tel accoutrement depuis des lustres… Une fois le costume
prêt, les amis se rendirent à l’église habillés de leur nouvelle tenue.
Comme on pouvait s’y attendre, Ils furent la risée de l’assistance et
ce fut un fiasco. N’empêche, Josef Vogl venait de fonder le premier groupe folklorique d’Allemagne ! L’histoire de la Bavière à retenu cette date et continue à l’honorer.
Coup dur supplémentaire, la Lederhose fut jugée immorale par l’Eglise. L'archevêque de Münich et le clergé allemand en interdit le port lors des célébrations et processions religieuses, une mise à l’Index qui se poursuivit jusqu’en 1913.
Josef Volg créa alors une association pour protéger ce costume national et fit appel au parrainage de Louis II de Bavière.
Le monarque assura l’association de son soutien. La reconnaissance de
leur cause n’était désormais plus qu'une question de temps. Dès lors, au fil des années la Lederhose évolua. Chaque
région mit un point d’honneur à l’embellir en y ajoutant de riches
broderies,
chacune ayant des couleurs et des motifs spécifiques. La Lederhose devient l’habit de fête par excellence.
Une authentique Lederhose est toujours coupée sur mesure, dans du cuir de cerf. Plusieurs semaines sont nécessaires à sa fabrication. Elle est souvent brodée des initiales de son propriétaire. Les boutons sont taillés dans du bois de cerf et retenus par un lien de cuir. Au centre des bretelles, est fixé un petit camée sculpté en bois de cerf représentant une scène de chasse ou une Edelweiß. Une ceinture d’apparat richement décorée, véritable travail d’art populaire, et brodée du nom du propriétaire ou d’un souhait complète le costume. A l’époque, l’achat d’une telle Lederhose représente une dépense très importante mais chacun met un point d’honneur à en posséder une.
De 1918 à l’aube de la seconde guerre mondiale.
La popularité internationale de la Lederhose n’arrivera qu'après la première guerre mondiale quand le tourisme commence à se développer en Allemagne. Séduits, de nombreux visiteurs repartent avec une Lederhose dans leurs bagages ce qui contribue à la faire connaître dans le monde entier.
Jusqu’au milieu des années trente, la forme évolue peu mais elle commence à raccourcir, d’une puis deux et trois mains au-dessus du genou et on remonte les revers en conservant le laçage des côtés, ce qui lui donne ce chic inimitable. On produit alors des Lederhosen de manière plus «industrielle», sans broderies, dans des cuirs moins coûteux que le Hirschleder traditionnel.
La Lederhose est le vêtement de travail d’usage courant, porté à la ferme, à l’usine et à l’école. Elle accompagne tous les instants de la vie quotidienne des garçons qui portent leur culotte de cuir ordinaire toute la semaine et la Festlederhose brodée pour la messe dominicale et à l’occasion des fêtes populaires.
La seconde guerre mondiale.
Pendant la seconde guerre mondiale, les approvisionnements en cuir sont rationnés et réservés à l’effort de guerre. On fabriqua de moins en moins de Lederhosen et il fût très difficile d’en trouver. A la fin du conflit on ne voit plus guère sur les photos ou les films de l’époque, de garçons en Lederhose.
Dans la Hitlerjugend, on remarque sur les photos que la Lederhose
est portée par les garçons bavarois à la création de
l’organisation en 1922. Pour des raisons d’esthétique du groupe, on peut voir que les revers des Lederhosen sont descendus. Mais face à la pénurie croissante de cuir, elle sera vite remplacée par une culotte courte en drap épais.
En Bavière, les jeunes portent alors une «Ersatzlederhose» en tissu, conforme en tous points à l’originale hormis la matière. Cette exception sera tolérée jusqu’en 1933. Tout le monde adoptera alors la culotte courte en drap.
De l’après guerre à l’âge d’or des années cinquante :
La «Lederhosen-Generation».
Après la seconde guerre mondiale, un artisan bien inspiré crée alors une nouvelle forme, la Sepplhose, très ajustée et beaucoup plus courte avec revers, (trois largeurs de main au dessus du genou). Il simplifie la forme du pont en supprimant pièces
rapportées et boutons, les substituant par des fermetures à
glissières et rajoutant des passants pour ceinturon. Ce modèle
économe en matière première et façon, permet une production
meilleur marché. C’est le temps du prêt-à-porter. Grâce à un prix acceptable au vu de sa longévité, ce nouveau modèle s’impose immédiatement.
Au même moment apparaissent les
premières Glattlederhosen, en cuir lisse épais de couleur
vert-olive foncé, à deux fermetures à glissières, bien moins sensible aux tâches et agressions de
toutes sortes.
Elle furent immédiatement très populaires chez les garçons
à la grande satisfaction des mamans de pouvoir les habiller avec ce
vêtement en cuir, solide, pratique et esthétique et qui se transmettait entre
frères. Pratiquement tous les garçons allemands de cette génération d’après-guerre portent alors une Lederhose.
C’est sans aucun doute la Glattlederhose qui fût la plus populaire durant les années 50/70, et elle demeure encore très recherchée par les collectionneurs.
NOUVEAU
La culotte de cuir à la conquête des garçons de France.
Encart publicitaire inséré dans
Tintin du 12 octobre 1955.
La culotte de cuir est vendue
par correspondance !
C’est ainsi que dès le début des années cinquante, la culotte de cuir bavaroise va partir à la conquête des garçons français. Ils en connaissent l’existence par la lecture assidue de la collection « Signe de Piste », puis par des publicités insérées dans des magazines comme Tintin.
Pour répondre à la demande, la Lederhose trouve une bonne place dans les catalogues de vente par correspondance comme Manufrance ou La Redoute.
L’évolution des formes de la Kurze Lederhose de 1900 à 2008.
Photos : «Das Lederhosen Museum.», Uwe Beltz et collection personnelle de l’auteur.
vers 1930/1940 années 50 années 50
années 50/60 années 50/60 2008
Fiers garçons allemands du XIXe siècle aux années soixante.
« Carpe Diem », la galerie du Cercle des Poètes disparus…