4. Le «Signe de Piste» et la mystique de la Lederhose.
Mise à Jour
Il n’y a pas un scout français en ce bas monde qui à un moment de sa vie n’ai lu et se soit pris de passion pour un héros du Signe de Piste. Ma première rencontre avec les romans scouts remonte à l’âge de onze ans, j’étais alors pensionnaire au petit séminaire de Walbourg. Alité à l’infirmerie pour soigner une mauvaise angine, c’est un camarade bien intentionné qui, revenant de la bibliothèque m’a transmis le virus sous la forme d’un petit livre : Matricule 512 de Jean Valbert. Encore aujourd’hui, ce virus se réveille parfois avec bonheur…
Les héros du Signe de Piste ont forgé l’imaginaire de générations d’adolescents depuis la fin de la guerre, et à de nombreuses reprises, on y rencontre des garçons portant des culottes de cuir, dessinés par Pierre Joubert et Michel Gourlier, les illustrateurs de cette collection de romans scouts.
Quelques romans Signe de Piste et Rubans Noirs illustrés par Pierre Joubert et Michel Gourlier.
C’est sans doute de cette époque d’immédiate après-guerre que l’on peu dater l’engouement des jeunes pour la Lederhose en France, la lecture des romans scouts leur ayant fait découvrir ce vêtement si singulier, qui évoque vie sauvage et liberté.
Voici comment Jean-Louis Foncine décrit sa pemière recontre à l’été 1942 avec Wolfgang, un gamin en culotte de cuir dans sa biographie «Un si long orage - chronique d'une jeunesse» publiée en 1995.
«(…) Soudain, je vis qu’un gamin blond était resté seul non loin de moi. Il achevait de se rhabiller. Enlevant sans pudeur son affreuse culotte de toile, il enfilait directement la culotte de cuir qui était de règle, tant à son école qu’à la H.J. Il reparut vêtu de sa chemise brune. Il me regardait d’un air espiègle. J’eus un moment l’impression qu’il me confondait avec un allemand, puisqu’il m'avait vu en compagnie d’Herbert et que je portais aussi la culotte noire.» (…)
«(…) Son air gavroche était merveilleusement rafraîchissant. Il me donna une grande tape sur l’épaule, et pieds nus, fila, les fesses moulées dans sa petite culotte de cuir. Il avait plus de treize ans, et c'était encore la culotte de ses dix ans, à n’en pas douter. Vu de loin, et sauf la culotte de cuir bien sûr, il ressemblait à l’un de mes scouts, le plus blond, le plus drôle de la patrouille des Hirondelles de mon «Relais de la Chance au Roy» (…)
Rencontré par Foncine en 1942, Wolfang sera tué à l’âge de quinze ans. De retour d’Allemagne en mai 1945, Foncine emportait dans ses bagages la culotte de cuir de Wolfgang. Il lui dédiera son livre «Le Glaive de Cologne» et en fera l’un des héros principal.